Le droit des successions est en constante évolution, notamment sous l’influence de la jurisprudence. Celle-ci façonne et affine les règles applicables en matière de transmission du patrimoine, répondant ainsi aux préoccupations sociétales et aux situations concrètes. Dans cet article, nous analyserons les principales décisions récentes ayant un impact significatif sur le droit des successions.
La reconnaissance progressive du principe d’égalité entre héritiers
Les dernières années ont vu émerger une tendance vers l’égalité entre les héritiers, notamment dans le cadre de la réserve héréditaire. La Cour de cassation a ainsi confirmé que les enfants adultérins ne peuvent plus être exclus de la réserve (Cass., 1re civ., 27 sept. 2017, n° 16-17.146). Cette jurisprudence consacre le principe d’égalité entre tous les enfants, quelles que soient leurs filiations.
L’encadrement strict du recel successoral
Le recel successoral constitue un enjeu majeur dans le droit des successions. Il consiste pour un héritier à dissimuler ou détourner une partie des biens faisant partie de la succession. Les juges sont particulièrement vigilants sur ce point, comme en témoigne l’arrêt rendu par la Cour de cassation en janvier 2020 (Cass., 1re civ., 15 janv. 2020, n° 18-23.680). La Cour a ainsi sanctionné l’auteur du recel en le privant de sa part successorale correspondant aux biens recelés.
La protection renforcée des droits du conjoint survivant
Le droit des successions accorde une attention particulière à la situation du conjoint survivant, notamment en matière d’usufruit et de partage de la succession. Un arrêt récent de la Cour de cassation a confirmé que le conjoint survivant, usufruitier sur l’ensemble des biens successoraux, ne peut être contraint au partage par les autres héritiers (Cass., 1re civ., 16 oct. 2019, n° 18-19.337).
Les conséquences de la réforme du divorce sur le droit des successions
La loi de réforme pour la justice du 23 mars 2019 a modifié le régime du divorce et ses effets sur les droits successoraux. Désormais, le prononcé du divorce entraîne automatiquement la perte des avantages matrimoniaux et des droits successoraux entre époux (article 265 du Code civil). Cette évolution législative et jurisprudentielle aura un impact significatif sur les successions à venir.
L’appréciation in concreto des donations déguisées
Les donations déguisées sont un autre sujet d’actualité en droit des successions. Ces «fausses» donations sont souvent utilisées pour contourner les règles de la réserve héréditaire. La jurisprudence s’est attachée à définir les critères permettant de requalifier une donation déguisée en avantage successoral. Ainsi, la Cour de cassation a jugé que l’intention libérale doit être appréciée au regard des circonstances concrètes de l’opération (Cass., 1re civ., 5 juin 2019, n° 18-16.212).
La jurisprudence européenne et le droit des successions
Enfin, il convient de mentionner l’influence croissante de la jurisprudence européenne sur le droit français des successions. La Cour européenne des droits de l’homme joue un rôle important dans la protection des droits fondamentaux, notamment en matière de respect du droit à un procès équitable et d’accès au juge (CEDH, 20 oct. 2016, n° 56498/10). Cette jurisprudence contribue à renforcer les garanties offertes aux héritiers et aux parties prenantes d’une succession.
Au travers de ces exemples récents et marquants, il apparaît ainsi que la jurisprudence influe grandement sur l’évolution du droit des successions. Elle contribue à en préciser les contours et à en adapter les règles aux réalités sociales et familiales contemporaines.
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